dimanche 15 mars 2009


Il y a des dates qui marquent. Certaines à jamais. Par un beau jour férié d'Août 1996, je me faisais faucher par un automobiliste qui roulait à 110 en ville, moi étant à vélo.
Le but de ce témoignage, simplement les faits, ce que j'ai vécu dans cet accident, et les conséquences sur le futur.
Aussi un exutoire, en parler ici, pour refermer cet épisode douloureux dans ma vie.

• PROLOGUE
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• 15 août 1996, je rentre de trois semaines de vacances à l'île d'Yeu. Nous avions fait du vélo pendant tout ce temps sur cette petite ile de vendée, plus peuplée de vélos que de voitures. On venait de rentrer de vacances, sur le continent dans notre belle Normandie et on décidait d'aller rendre visite à un couple d'amis situés à 10km de la maison. Ma fille et ma compagne partent alors en voiture et je décide pour ma part de m'y rendre à vélo. Difficile en effet de se retrouver en voiture après 3 semaines de liberté. Je détache au préalable le siège-enfant derrière le vélo juste avant de partir, estimant que ma fille, agée alors de 4 ans et demi, est maintenant assez grande pour ne plus être baladée par son père (quelle peur rétroactive, je pense qu'elle n'aurait pas survécu).

• 15 août 1996, 15h03, je pars donc à vélo, il fait chaud, j'ai juste un tee-shirt sur le dos, un short et une casquette pour toute protection. Il n'y a pas âme qui vive, nous sommes le 15 août, un beau ciel bleu sans nuage, et la ville désertée.
Belle journée pour rejoindre mes amis à la campagne.
J'emprunte quelques ruelles, puis rejoint une deux-fois-deux-voies intramuros, vitesse très limitée ici. Cette voie rejoint l'une des sorties de ma ville, me permettant de prendre les chemins de campagne en direction de la maison de mes amis.

• 15h15 - LE CHOC EN UNE FRACTION DE SECONDE
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• L'accident s'est produit en une fraction de seconde.
Je circulais à vélo voie de gauche sur cette deux-fois-deux-voies, où la vitesse est limitée à 50km/h.
J'ai averti avec mon bras que je tournais à gauche et j'allais emprunter la troisième voie prévue à cet effet, 40 mètres avant le carrefour. Un premier véhicule roulait au pas, juste derrière moi, et m'a doublé par la gauche dès qu'il a pu. Il me protégeait jusqu'alors du deuxième véhicule (celui qui m'a percuté), qui avait eu le temps de prendre son élan en accélérant depuis 600 mètres, à la vitesse de 110 km/h. Certainement pour "attraper" le feu passé au vert quelques instants avant.
Lorsque la première voiture a déboité à gauche, la seconde n'a pas eu le temps de m'éviter, me découvrant devant son capot à la dernière seconde.
Ecrasant son frein, seulement 10 mètres avant moi. Il mettra encore plus de 30 mètres à s'arrêter. Le vélo est passé sous la Volvo, et moi, j'ai été projeté à 50 mètres, en pulvérisant avec mon bassin la calandre et le capot. La tête quant à elle a cassé le pare-brise.

• L'ACCIDENT VÉCU DE L'INTÉRIEUR
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• Une chose m'a longtemps passionné, pendant les semaines qui suivirent l'accident, c'est la vitesse à laquelle le cerveau enregistre les informations, à chaque micro-seconde.

- La seconde avant le choc, je vois la voiture 1 qui me suivait et me dépasse doucement par la gauche...

- Pendant la seconde suivante, mon esprit enregistre ceci :

1 - Un bruit de moteur rugissant et un énorme coup de frein, très fort, et surtout très proche, à quelques mètres seulement de ma roue arrière... Une immense peur m'envahit, certainement la peur que l'on a quand on réalise qu'on va mourir de façon imminente.
2 - je tourne la tête et découvre un monstre sur moi, j'ai le temps de voir le conducteur, grimaçant et les yeux exorbités, fonçant sur moi, au volant de cette voiture noire, qui dérape.
3 - je distingue la fumée gris-bleu des pneus avant, roues bloquées et hurlantes.
4 - je réalise que la voiture ne passera ni à droite, ni à gauche de mon vélo, mais que ça va taper fort car elle s'approche terriblement vite (110 km/h, je roulais au pas)
5 - j'ai l'impression que cette seconde est si longue que les pédales n'ont pas bougé. Le temps s'est arrêté.
6 - je réalise que ma vie s'arrête ici, et maintenant.

- La seconde d'après est très violente :

1 - mon vélo disparait sous moi
2 - je rentre dans de la tôle très chaude et très dure, mon corps me fait très mal
3 - un flash très intense, une lumière blanche brûlante qui me transperce le cerveau, et ma tête me fait tellement mal qu'elle me donne l'impression d'exploser. Simultanément un bruit d'éclatement de verre qui sonne dans mes tympans, j'hurle de douleur.
4 - je suis projeté en l'air, à une vitesse que j'estime à 50 ou 60 km/h (je compare cette vitesse à celle que j'atteinds quand je skie, tout shuss, sur les pistes rouges)
5 - je tape le bitume encore par le bassin en ayant la présence d'esprit de le basculer sur le côté. Une impression de brulure intense traverse tout mon corps lorsque je glisse sur le sol. Je roule comme une savonnette sur ce sol rugueux et abrasif en laissant derrière moi tout l'épiderme de ma jambe droite.
6 - je ne contrôle pas mon corps, impuissant à compenser la vitesse, la douleur folle, mes mains cherchent à freiner ma course folle, elles sont en sang en une fraction de seconde
7 - puis le silence...
8 - je suis alllongé sur le dos, en travers de la route, 50 mètres après le choc. J'ai les yeux ouverts, je regarde les branches des arbres alentour, et ce beau ciel bleu. J'ai pas perdu connaissance. J'ai peur de comprendre que je me suis fait percuter. J'ai peur de pas pouvoir me lever. Dans quel état suis-je ? Vivant, mort, ou... autrement ?.

• LES SECONDES APRES L'ACCIDENT
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• Je vois des têtes de gens se pencher sur moi. On me parle. On me demande si ça va.
Une personne me dit qu'elle a trouvé mes lunettes de soleil, une autre me pose une couverture sur moi. Je n'ai pas le temps de compter mais il doit y avoir une douzaine de personnes autour de moi.
Je regarde le ciel, je souffre terriblement, tout mon corps raidi me fait mal. Je ne peux pas parler. Les gens s'adressent à moi gentiment, mais peut-être ne se sont-ils pas rendu compte que la voiture roulait vers nous ?!
Je tourne la tête un tout petit peu, vers la voiture noire, qui est très loin, et à l'arrêt.

• LES MINUTES APRES L'ACCIDENT
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• J'entends une sirène au loin. J'ai du perdre connaissance un peu, cette sirène, je l'entends juste après la dernière image que j'ai, une couverture sur moi, et des gens qui murmurent entre eux.
Quelques instants plus tard, une voix rassurante, très forte, me demande si je peux bouger mes doigts de pieds. Je constate en même temps qu'il y a plus de monde, dont des pompiers.
Oui, je peux les bouger. Et les doigts des deux pieds.
On me dit que je vais aller à l'hôpital. je me retrouve sur une civière, soulevé en douceur par des pompiers. je jette un oeil autour, je vois plein de gens, certains bouleversés et inquiets. La rue est ramenée sur une seule voie et d'autres voitures sont arrétées. Je me retrouve rangé bien aligné dans le fourgon rouge, qui démarre et roule doucement comme dans un canapé confortable, qui me change du bitume, avec sa dureté minérale et abrasive. Une sirène chante, je pense à ma famille, qui m'attend.

• A L'HOPITAL
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• Je passe des radios du bassin, de la colonne vertébrale, de la tête. Je regarde mes mains, égratignées et apaisées par les infirmières, je regarde ma jambe rouge de sang lorsque j'ai frotté la route, après le choc. J'entends les médecins discutant entre eux. C'est bizarre, j'ai mal partout, je peux pas bouger et eux, ils ont le sourire.
L'un d'entre-eux vient me parler.
"Vous savez que vous êtes le grand miraculé de la journée ? On aurait du vous ramasser à la petite cuillère, vu le choc, la vitesse et le peu de protection que vous aviez..."
"Qu'est-ce que j'ai de cassé ?"
"Et bien, vous n'avez rien. Rien de cassé du tout. Pas un os de félé même."
Bon dieu, rien de cassé, alors que je me sens totalement démoli.
" Vous allez pouvoir sortir de l'hôpital maintenant, vous pouvez vous lever ?"
Je me mets sur mes jambes, elles me tiennent debout. Je marche, j'ai mal mais je marche.
je touche ma tête, là où ça a tapé, c'est très douloureux.
Inutile de dire que l'heure et demi passée à l'hopital m'a valu la visite de nombreux curieux, medecins, infirmières et aide-soignantes qui voulaient voir de leurs yeux un miraculé. Eux qui voient tellement de gens esquintés lors d'accidents de la route, cette personne-là, a eu le temps de tirer la carte "joker"...
"Vous allez devoir rencontrer un neurologue très vite. Votre cerveau a été très malmené dans l'accident.
Vous voulez appeler quelqu'un ?"
"Oui ma femme, qui m'attend chez mes amis"

La police vous attend, elle va vous amener au commissariat pour un dépôt de plainte, vous appelerez après.
Deux policiers m'attendent. Il m'accompagnent à la voiture de police, en me tenant car je marche pas très droit.

• AU COMMISSARIAT
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• Je vois une voiture complètement bousillée devant la porte du commissariat.
Je m'exclaffe "Et ben, celui-là a tapé fort"
L'un des policiers me dit "Vous vous souvenez ? Il a tapé dans vous !"
Je fais le tour de la voiture. L'avant ne ressemble plus à rien, la parebrise est cassé, et l'impact a la forme de ma tête. Je remarque quelques cheveux inscrustés dans les morceaux restant de verre cassé et trempé de sang. La forme de mes fesses est comme sculptée dans le long capot noir. Il s'agit d'une Volvo 440 sombre, immatriculée dans le 14. Le type n'est pas rentré chez lui avant un bon moment, et moi, j'ai mal.
Je fais une déposition, souffle dans l'alcootest - négatif -, puis me fait ramener par mes amis chez eux. Ils récupérent le vélo, qui a maintenant les deux roues côte à côte. Il n'y a rien a récupérer sur le vélo, totalement broyé, comme une compression de César.

• CHEZ MES AMIS
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• Ils me disent que je parle très lentement. Cognitivement, ça va pas. J'ai l'impression d'être dans de la ouate. De la ouate où on aurait égaré des centaines de petits clous brulants.
La personne chez qui j'allais me demande de montrer ma jambe, mise à nue lors de la glissade abrasive.
Cette personne guérit les brûlures du feu, et cette brûlure lui fait penser à ça.
Elle décide d'apaiser cette vilaine trace, en apposant ses mains au dessus.
Un peu plus tard, je repars chez moi et prend rendez-vous chez mon médecin, et chez le neurologue.

• LES MEDECINS
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• Mon généraliste me confirme que j'ai eu une chance folle. C'est le genre de miracle qui n'arrive pas deux fois dans une vie. Que je dois être né sous une bonne étoile et que mon ange gardien a été sympa... Certes
J'ai mal.
Il m'arrête pour 3 mois pour commencer. les migraines m'empêchent de dormir et je fais des cauchemars toutes les nuits.
• Mon neurologue me fait plein de tests étranges. La conclusion tombe : mon cerveau fonctionne à 50% de sa vitesse.
De mon point de vue, je parle normalement, j'écris, je dessine toujours aussi facilement. Du point de vue des mes proches, je parle très lentement, des pertes de mémoire très fréquentes, et je suis irritable très facilement.
On me propose aussi un suivi psychologique, que je refuse.

A noter qu'à l'époque, j'étais co-gérant d'une petite société de communication, avec deux employés, des périodes de rush perpétuels. Les commandes sont a l'arrêt, mon associé fait ce qu'il peut pour gagner un peu de temps, certaines commandes sont sous-traitées, d'autres sont gérées intégralement sans leur directeur artistique. La période n'est pas facile. Mon associé me rend visite tous les jours pour me rendre compte des difficultés rencontrées dans la société. Tout ceci est devenu abstrait, et pendant la première semaine, j'avoue ne pas avoir perçu la gravité de la situation.

Le conducteur imprudent m'a appelé chez moi. Pour s'excuser. Il me demande pardon. Il est très affecté par ce qui m'arrive, et qui lui semble intégralement imputable à sa bétise, la vitesse, son sentiment d'invincibilité. Ce sera la seule fois que je lui parlerai.

• DANS TROIS SEMAINES, UN SALON-PRO
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• Au bout d'une dizaine de jours, je décide de prendre le taureau par les cornes.
Un ami qui tient une boutique de jouets anciens, me dit qu'il serait peut-être bien d'apprendre des choses nouvelles, afin de stimuler le cerveau. J'en choisi deux :
- Apprendre à jongler à trois balles, afin de faire travailler le cerveau en coordination avec les muscles
- Apprendre le javascript et le HTML, Internet commençant à pointer le bout de son nez à l'époque (1996)

• Trois semaines après l'accident, ma société devait exposer son savoir-faire sur un salon professionnel. Il fallait préparer le stand. Je me décrête apte à travailler, en faisant fi des trois mois d'arrêt maladie.
Nous installons donc le stand, nous attachons les services de stagiaires pour nous aider, et le jour dit, je suis sur mon stand, à vanter les mérites de ma société.
Mes clients ne comprennent pas cette rumeur qui circule en ville, sur l'accident grave que j'ai eu, alors qu'ils me voient sur le stand, fringuant et souriant.
Le neurologue m'a appris quelques jours auparavant que mon cerveau refonctionnait normalement.
J'ai rencontré mon médecin à nouveau, pour lui dire que je reprenais le travail, trois semaines après le choc.

• LES SIX MOIS SUIVANTS
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• Des migraines chaque jour, quelques pertes de mémoire et une irritabilité anormale sont les traces laissées dans le courant des six mois après l'accident. Des cauchemars - ou plutôt des rêves érotiques très violents - se manifestent chaque nuit. Fermer les yeux équivaut à revivre l'accident encore et encore, et d'ailleurs, les détails précis décrits plus haut ne sont revenus que quelques jours, quelques semaines après le choc.
Le médecin m'a indiqué que ces rêves érotiques sont ma manière d'évacuer le choc. Il y a plus moche. Mais ça passera.

• L'ANNÉE SUIVANTE
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• Séparation d'avec mon associé, qui a cherché à profiter de la situation en faisant des choses pas jolies jolies. Dépôt de bilan, et continuation de l'activité sans ses services.
(Puis arrêt de cette société, qui commençait à travailler pour les US au moment où les Twins Towers sont sont effondrées)
Les migraines n'existent plus, sauf en période de grand stress.
Plus de rêves érotiques non plus (dommage)
Un appétit de la vie et une quête perpétuelle de son sens, et un grand travail personnel - avec l'aide d'un psy - plus de 10 ans plus tard pour réparer des plaies non fermées.

• LE SENS DE LA VIE
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Le grand changement depuis cette aventure est certainement la perception de la vie et sa recherche de sens.
Cette question va revenir souvent, coupable d'avoir vécu cette expérience hors du commun, d'avoir tutoyé la mort de près, et de théoriquement ne pas pouvoir en réchapper. Et d'en survivre quand même.
Durant les dix années qui suivirent, un sentiment d'appartenance à l'univers très fort.
Le simple fait de se lever le matin, pas très courageux, ou triste de voir un temps maussade, n'a plus jamais existé dans ma vie. J'ai réalisé à quel point nos petits bobos sont pas graves, et que la seule chose grave en soi, c'est la vie et le risque de la perdre. Il est donc urgent de vivre intensément, d'essayer de réaliser ses rêves d'enfant et surtout de dicerner ce qui est grave de ce que qui ne l'est pas.
Evidemment, mon propre comportement sur la route a changé, mon rapport à la nature a changé, mon rapport aux autres, est certainement la chose qui a le plus changé.
Chercher à comprendre, à apprendre, à jouir de l'instant présent sont devenus des choses très présentes dans ma vie, alors qu'avant, je considérais la vie comme une sorte de répétition avant la vraie vie, une vie parfaite. Il n'y a pas de répétition. Nous sommes dans l'improvisation en temps réel, et les actes, les choix que nous faisons aujourd'hui ont des conséquences certaines sur le futur.

• LE TEMPS DU DOUTE
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• Et puis un jour, longtemps après, j'ai senti qu'il y avait quelque chose de pas réglé en moi. Je me suis mis à douter. Sur moi, sur les autres, sur mes choix jusqu'à avoir de très vilaines pensées.
Il était urgent de consulter la personne que j'aurais du rencontrer après l'accident : un psychothérapeute.
Exactement la personne que je pensais jamais rencontrer dans ma vie.
Nous avons dressé la liste des choses que je souhaitais résoudre, comprendre ou éliminer.
Nous avons travaillé neuf mois sur bien des sujets, mais jamais comme par hasard sur l'accident et ses conséquences.
Il a bien fallu passer par là, et la surprise a été grande.
Mon subconscient n'a pas enregistré les choses comme je les ai vécues.
je vais tenter de donner ici ce que j'ai découvert.

• HYPNOSE ERICKSONIENNE et EMDR
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• Neuf mois après le début de cette psychothérapie, qui m'avait déjà bien aidé sur les deuils non faits, les conflits non résolus, les pardons non effectués et sur la quasi totalité de la liste de courses, restait la première ligne : "naitre"
C'est le mot que j'ai dit quand on m'a demandé pourquoi je venais consulter : "naitre"
"Renaitre vous voulez dire ?" "Non. Naitre, parce que je pense que je suis mort".
Bien bien bien.
Et le jour est arrivé.
Hypnose éricksonienne pour aider à naitre, tel était mon souhait.
Voici ce que mes expériences d'hypnoses ont révélé.
L'accident a en fait été découpé en deux parties distinctes : ce que mon esprit conscient a eu le temps d'enregistrer, et décrit longuement plus haut, et ce que mon inconscient a lui aussi enregistré.

Cette partie, occultée longtemps, est révélée par l'hypnose :
- Mon esprit est certain que je suis mort lors de l'accident. Cette peur immense, indescriptible, horrible, s'est tatouée dans mon esprit inconscient de manière indélébile : c'est devenu une vérité.
- Mon esprit a aussi enregistré que ce choc si violent m'a éclaté en mille morceaux. les gens que j'ai vu aussitôt après se pencher sur moi, ce sont des "moi" multiples, se penchant sur mon corps comme on se pencherait au-dessus d'un cercueil ouvert, afin de dire au revoir au défunt.
- Mon esprit a aussi enregistré que je n'étais pas couché sur le sol bitumé, mais fusionné au sol bitumé, la douleur étant tellement intense, je ne faisais qu'un avec le sol.
- Enfin, mon esprit a enregistré que ma vie serait brisée à jamais, mais que je peux naitre à nouveau. Question de volonté.

Pour effacer ces certitudes inconscientes, l'EMDR (L'Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR), ou Mouvement des yeux, désensibilisation et retraitement (de l’information) est un type d'intervention à visée psychothérapeutique mise au point par Francine Shapiro après 1987. Cette thérapie semblerait efficace dans le traitement du syndrome de stress post-traumatique) m'a aidé a retraiter les informations mais depuis d'autres points de vues que celui - unique - que je connaissais.
Nous avons donc travaillé du point de vue du conducteur de la voiture, des passants qui m'ont aidé, des secouristes. En mélangeant ainsi les points de vues, une sorte de relativisation du traumatisme a été apportée.
Non, je ne suis pas mort, non, je n'ai pas éclaté en mille morceaux.

• ET AUJOURD'HUI
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• Une nouvelle société montée depuis 2 ans (où je travaille seul, les associés, c'est fini), et où je vis de ma passion (le dessin, la communication graphique), un deuxième enfant né un an et demi après l'accident. Une maison achetée, un atelier de peinture dans lequel je travaille mes toiles, de nouvelles passions qui viennent enrichir et nourrir ma vie.
Une sensibilité plus forte, une intuition plus forte également. Un besoin grandissant chaque jour de profiter de la chance d'être vivant, un appareil photo m'accompagnant maintenant en permanence, comme un calepin numérique me permettant de réellement apprécier l'instant présent.
Une prise de conscience que les choix sont importants, qu'il ne faut plus cotoyer de gens "toxiques", mais uniquement de belles personnes, vous emmenant sur des chemins passionnants et enrichissants.
Un stage complet de connaissance de soi aussi, qui m'a apporté beaucoup, et m'a permis d'aiguiser l'écoute, le partage, la joie de cotoyer des gens talentueux tout autant que des gens sincères et véritables.
Une volonté aussi d'aider les autres. Par mon point de vue de terrien, ayant traversé des épreuves, et ayant appris au passage des choses essentielles.
Enfin, une attirance très forte (forte dejà avant l'accident) pour le Zen, le japon, la sérénité, la méditation, la lecture, la calligraphie, la cuisine, la musique. Apprentissage du japonais : mode "on". Volonté de m'élever, de synthétiser, se simplifier sa vie, mode "on".
Cet accident, d'où je suis sorti indemne, est considéré par moi comme une rare chance de comprendre le sens de la vie : la vie elle-même.

• EPILOGUE
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• Le but de ce témoignage est pour moi de clore ce volet. La fin de la thérapie se signale d'elle-même par l'envie et le besoin d'écrire cette aventure où j'ai eu tant de chance.
Pas de pathos, je ne recherche rien d'autre ici que de retranscrire dans le détail les moments d'un accident vu de l'intérieur, de pouvoir s'en souvenir, de pouvoir en parler, même longtemps après, et sans séquelles aucune. Pas de revendications non plus sur le comportement de certains sur la route. L'imprudence, la vitesse, la bétise, font partie intégrante du problème de déplacer des mobiles très rapides, habités par des terriens, se déplaçant sur une magnifique boule flottant dans l'univers...

N'hésitez pas à commenter cet unique post, par votre expérience ou vos questions auxquelles j'essayerai de répondre vite.
Si le lien "commentaires" ne marche pas en bas, vous pouvez aussi écrire à la suite de celui-ci > site de l'auteur, post 554
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Posted by Publié par Dominique Hermier à 15:15
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